Une fourmi chemine sur les branches fines d’un pin
au milieu du champ doré un vieux figuier aux branches entremêlées
pendue à son pied mutin, verte et lourde, la grappe de raisin
ibiscus rouges orangés sur la finca abandonnée
pommes de pin éparpillées le long du chemin
un rat crevé et tout séché, translucide et suicidé parmi les herbes cramées
la jambe détachée d’une poupée écartelée près des barbelés
agave, piquante et suave, méchant cactus, à ton contact un rictus
jolie poupée, où t’en es-tu allée ?
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Olivier famélique, céramique brisée
dans la poussière du sol, présence maléfique
fourmi rouge et terre brûlée
bitume ardent et soleil brûlant
fleurs écrasées au parfum vanillé
blanches façades et chats un peu malades
chumberra dodu, ibizenca au gros cul
ciel étoilé, peau lézardée,
jolie poupée, où t’en es-tu allée ?
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Bancale sur ton bancal
as-tu senti les ondes du festival
jadis festif et couronné
aujourd’hui désaffecté
désaffection
avec les bombes comme munitions
sur les murs décrépis dessiner nos passions
antique corrida
jolie poupée, es-tu là ?
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Douce catalane
au loin la mer calme
sens-tu la douceur du vent
l’odeur du campo
dans tes veines inscrit son tempo
au loin les chiens, le coq, les geckos
défient la gravité, rampent à la verticale
jolie poupée a fait son festival
jolie poupée s’en est allée.
